Page 66 - Livre électronique du congrès national de pneumologie 2017
P. 66

XXII è me  Congrès National de Pneumologie. Tunis 14-16 Décembre 2017


               PLACE DU TRAITEMENT ANTICOAGULANT PREVENTIF AU LONG
               COURS CHEZ LES INSUFFISANTS RESPIRATOIRES CHRONIQUES

               PR FATMA CHERMITI BEN ABDALLAH;
               SERVICE DE PNEUMOLOGIE IV, HOPITAL ABDERRAHMEN MAMI DE L’ARIANA, TUNIS ; TUNISIE



               La prévalence de la Maladie thrombo-embolique (MTE) dans l’insuffisance respiratoire chronique (IRC) varie
               de 20 à 60% selon les études [1]. Cette prévalence augmente dans les exacerbations aigues avec une mortalité
               élevée en cas d’association des deux conditions. C’est ainsi que l’IRC est considérée comme un facteur de
               risque de MTE. Ce risque est en rapport avec une réduction de l’activité physique, un état d’hypercoagulabilité,
               une libération de chémokines a effet angiogénique et une stase veineuse secondaire à l’hypoxémie [2]. Malgré
               la persistance de certains facteurs de risque comme la réduction de l’activité physique voire même l’alitement
               après la sortie des patients de l’hôpital, la thromboprophylaxie est recommandée uniquement lors les épisodes
               d’EA.

               Certains essais cliniques ont étudié l’effet de la prolongation de la durée du traitement anticoagulant préventif
               chez lez patients porteurs d’affection médicale dont l’IRC après la sortie de l’hôpital. L’un des premiers essais
               est celui d’une équipe espagnole publié en 2006 [3]. Cette étude a inclus 87 patients BPCO au stade d’IRC
               sous OLD ayant une activité physique réduite et randomisés en deux bras : un bras Bemiparine pendant 6
               mois et un bras placebo. Cet essai a été négatif puisque ni l’incidence de la MTE ni la mortalité qui en découle
               n’ont été réduites par cette thromboprophylaxie prolongée. L’étude EXCLAIM, publiée en 2010, a randomisé
               7500 patients porteurs d’une affection médicale dont l’IRC et a étudié l’effet d’un traitement anticoagulant
               préventif prolongé à base d’enoxaparine en le comparant à un traitement préventif standard [4]. Les résultats
               ont montré que, seuls le sujets âgés de plus de 75 ans, de sexe féminin et ceux ayant une mobilité réduite
               bénéficient de ce traitement anticoagulant prolongé avec un risque élevé de saignement comme effet
               secondaire majeur. La méta-analyse de  2012 qui a inclus les trois études les plus puissantes (ADOPT,
               EXCLAIM et MAGELLAN), a montré que bien que, les événements thromboemboliques soient plus fréquents
               dans le bras comparateur (thromboprophylaxie standard), la mortalité liée à ces événements est comparative
               dans les deux groupes et les effets secondaires graves (hémorragie) étaient plus fréquents dans le bras
               thromboprophylaxie prolongé [5].
               En 2016, un autre essai clinique multicentrique incluant 7513 participants dont 24% environ insuffisants
               respiratoires chroniques, a comparé l’effet du Betrixaban (anticoagulant oral)  pendant une durée prolongée à
               l’enoxaparine pendant une durée standard de 14 jours [6]. Cette étude a intégré aux données cliniques, les
               marqueurs biologiques (D-dimères),  dont le but de dégager les sous-groupes qui pourraient bénéficier d’un
               traitement anticoagulant prolongé. Les résultats ont montré qu’il n’y avait pas de différence significative entre
               les deux traitements chez les patients avec un taux de D-dimères deux fois supérieur à la limite supérieure de
               la normale en termes de prévalence de thrombose veineuse profonde et d’embolie pulmonaire. Cette même
               étude a montré que Betrixaban à la dose de 80 mg par jour pendant 42 jours, donne de meilleurs résultats que
               l’enoxaparine pendant une  durée standard dans toute la population d’étude, sans majorer le risque
               hémorragique [6]. La méta-analyse de 2017 confirme ce résultat avec le Betrixaban [7].

               En dépit du fait que certaines études anciennes ont prouvé l’efficacité des aticoagulants au long cours dans la
               fibrose pulmonaire idiopathique (FPI), en termes de survie, les guidelines actuels ne recommandent pas les
               anticoagulants dans  le traitement de la FPI à l’état stable [8]. Ceci est également le cas dans l’hypertension
               pulmonaire (HTP). En effet, les études n’ont pas prouvé un effet certain de l’anticoagulation au long cours
               dans l’HTP [9].





           61
   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71