Page 48 - Livre électronique du congrès national de pneumologie 2017
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XXII è me  Congrès National de Pneumologie. Tunis 14-16 Décembre 2017


               CANCER DU POUMON ET THROMBOSE : FAUT-IL TOUJOURS
               TRAITER ? CONTRE

               DR LAABIDI SOUMAYA, PR BOUSSEN HAMOUDA
               SERVICE D’ONCOLOGIE MEDICALE SOMA. HOPITAL ABDERRAHMANE MAMI, ARIANA




               Depuis les travaux de Trousseau au 19  siècle décrivant l’association entre thrombose et cancer, il
                                                  ème
               est établi que le risque de développer une maladie thrombo-embolique est 4 à 6 fois plus fréquent
               chez les patients atteints de cancer  par rapport à la population normale  (1).  Le mécanisme
               physiopathologique est multifactoriel, mais il semble que le facteur tissulaire surexprimé par les
               tumeurs soit à l’origine de la thrombogénicité de la maladie cancéreuse (2).

               La survenue d’un évènement thrombo-embolique chez un patient atteint de cancer est corrélée à un
               plus mauvais pronostic et une diminution de la survie. Cependant, le traitement curatif ne permet pas
               d’améliorer ce pronostic malgré la prévention des complications aigües et tardives, et l’action sur les
               symptômes (œdème, dyspnée…) (3, 4).

               Le traitement anticoagulant peut être à l’origine de complications aggravant la morbi-mortalité. Il s’agit
               notamment d’évènements hémorragiques sous AVK, ou de thrombopénies surtout en association à
               la chimiothérapie. Dans certains cas, le traitement par AVK ne permet pas de prévenir une récidive
               d’une thrombose ou son extension (5). Ceci impose un choix optimal de la classe thérapeutique à
               utiliser, en tenant compte des interactions avec le traitement spécifique du cancer (chimiothérapie,
               thérapies ciblées, anti angiogéniques…), et en se donnant les moyens d’une surveillance régulière.
               Ainsi, le standard thérapeutique actuellement recommandé reste les HBPM (6-8). Les nouveaux
               anticoagulants oraux non antagonistes de la vitamine K semblent également prometteurs, avec une
               efficacité semblable aux AVK mais une morbidité moindre (9).

               Par ailleurs, l’amélioration des moyens d’imagerie a permis d’augmenter de 5 à plus de 10% le
               diagnostic d’embolies pulmonaires sous-segmentaires, chez des patients asymptomatiques, de
               façon fortuite (10). La découverte d’EP fortuite dans les scanners en oncologie est autour de 3,6%
               (11). Un traitement anticoagulant dans cette situation peut être discutable, en s’assurant de l’absence
               d’une thrombose veineuse profonde  (TVP) associée (membres inférieurs  et supérieurs, catheter
               central).  En effet, il existe une controverse concernant le risque de récidive de l’évènement thrombo-
               embolique. Certaines études concluent à un risque moins élevé par rapport à une embolie pulmonaire

               plus large ou en présence d’une TVP (12), alors que d’autres trouvent un risque identique (13,14).
               Ainsi, l’instauration d’un traitement anticoagulant dans les EP de découverte fortuite devra être
               corrélée à ce risque. Cependant, les patients atteints d’un cancer évolutif (métastatique notamment)
               ou en cours de traitement sont considérés à haut risque, et les différentes recommandations des
               sociétés savantes gardent la surveillance en présence de contre-indications à l’anticoagulation. (8,
               14, 15)

               En conclusion, le traitement anticoagulant doit obéir à des règles de prescription tenant compte du
               terrain de chaque patient, et en mesurant les bénéfices et les risques.






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